Saviez-vous que 39 % de la population montréalaise sont membres de groupes racisés et que 63 % sont des personnes immigrantes de première ou deuxième génération? Lors de la rencontre annuelle du 20 septembre, le Conseil a rendu public sa nouvelle Politique d’équité, un document qui vient appuyer les principes d’équité qui lui sont chers et qui transparaissent dans toutes ses activités.
Pour assumer pleinement son mandat, le CAM souhaite mieux accueillir et soutenir les artistes et les travailleuses et travailleurs culturels provenant de groupes qui font face à des défis majeurs sur le plan de leur pleine participation à la société. La politique d’équité assure un encadrement transversal et holistique et agit comme levier pour atteindre les objectifs du plan stratégique 2022-2025.
La Ville de Montréal a fait de la solidarité, l’équité et l’inclusion l’une de ces quatre orientations de sa Vision 2030. Montréal reconnaît non seulement que les différents enjeux liés à la pauvreté, à l’exclusion sociale, au racisme et aux discriminations existent encore et que des solutions systémiques sont plus que jamais nécessaires pour atteindre l’équité, ce qui nécessite une égalité des chances et une égalité de traitement.
Bref historique
Dès 2004, la diversité culturelle s’est imposée au CAM comme une priorité stratégique. Ainsi, en 2006, le CAM adopte sa Politique de promotion et de développement de la diversité culturelle dans les arts 2006-2010. Ce geste précurseur dans le domaine artistique a entraîné plusieurs actions, notamment l’embauche d’une chargée de projet – Diversité culturelle, qui ont donné des résultats concrets. Entre 2010 et 2014, le nombre d’organismes de la diversité soutenus et les montants versés ont plus que doublé.
Les efforts en vue de la réalisation des engagements en matière d’équité ont continué et la reconnaissance des diversités a pris chaque fois davantage d’importance dans la planification et les plans d’action du CAM, pour finalement devenir une priorité stratégique nommée et reconnue. Le comité des arts autochtones naît à ce moment, en 2018. Une chargée de projets en arts autochtones est alors embauchée.
Amorcée en 2019, la démarche participative menant à la présente Politique a impliqué plus d’une centaine de personnes provenant directement des milieux culturels et artistiques montréalais.
Reconnaissance territoriale
Parallèlement, un travail collectif a été réalisé pour doter le Conseil d’une reconnaissance territoriale officielle, que toutes et tous pourront s’approprier.
Nous souhaitons reconnaître la présence ancestrale de la nation Kanien’kehá:ka, « peuple du silex », comme gardienne des terres et des eaux sur lesquelles nous nous trouvons aujourd’hui.
Ce territoire et lieu de rassemblement, communément appelé de nos jours Tiohtià:ke/Montréal, a aussi accueilli plusieurs peuples autochtones, tels les Anishinaabeg, les W8banakiak et les Wendat, qui ont vécu à différents moments dans l’histoire et y ont partagé et transmis des pratiques artistiques et des savoirs culturels.
Convaincue que les arts profitent à notre qualité de vie collective et que le passé, le présent et le futur doivent être honorés, l’équipe du Conseil des arts de Montréal s’engage à soutenir les pratiques artistiques autochtones par ses programmes et initiatives, à établir et à entretenir des relations avec la nation Kanien’kehá:ka et les autres peuples autochtones de Tiohtià:ke, tout en mettant en valeur les pratiques, les histoires et les souverainetés qui leur sont propres.
En tant qu’institution qui existe dans un cadre colonial occidental, nous reconnaissons ces origines. Nous continuons à développer notre sensibilisation et nos responsabilités en tant qu’héritiers et héritières de l’entente signifiée par la Ceinture wampum aux deux rangs, dans l’espoir que ces initiatives contribuent à un avenir commun d’amitié, de paix et de respect.
Le Conseil remercie les membres du Comité des arts autochtones pour leur contribution à l’écriture de cette reconnaissance : asinnajaq, Moe Clark, Hannah Claus, Dayna Danger, Léuli Eshrāghi, Camille Larivée.
Une démarche intersectionnelle
Le CAM adopte une posture intersectionnelle et prend en compte les différents types de défis ou d’obstacles que rencontrent les personnes appartenant à des groupes en quête d’équité. C’est-à-dire que tous les aspects qui constituent l’identité des personnes et leurs expériences (classe, genre, handicap, âge, origine ethnique, orientation sexuelle,etc) doivent être considérés. L’intersectionnalité permet une meilleure compréhension de comment les systèmes d’oppression et de discrimination s’empilent et se complètent.
Groupes prioritaires
Tout en reconnaissant la complexité des identités, le CAM a désigné, à la suite de son processus de consultations, des groupes prioritaires ou sous-représentés, particulièrement les communautés racialement discriminées et les artistes avec des identités intersectionnelles marginalisées.
La politique d’équité vise les artistes et les travailleuses et travailleurs culturel des groupes prioritaires suivants :
Prochaines étapes
Afin de répondre à la cible d’octroyer 25 % de son soutien financier en 2025 à des groupes prioritaires (autochtones, Premières Nations, Métis et Inuit), personnes issues des minorités visibles, personnes de la diversité capacitaire, personnes issues des minorités ethnoculturelles), le CAM a commencé l’élaboration d’un plan d’action clair, accessible et proactif dans un contexte de réconciliation qui l’engage dans un processus transparent qui reconnaît les artistes dans toute leur pluralité. Il précisera les cibles, les initiatives, les programmes et les ressources qui appuieront son application. Le déploiement d’un formulaire d’auto-identification fait partie des outils de mesure mis en place pour guider l’organisation.
Puisque le CAM considère l’équité comme un processus continu, cette politique doit être perçue comme un document « vivant », transversal et évolutif qui sera régulièrement mis à jour en réponse aux besoins changeants du secteur artistique de Montréal et aux enjeux liés à l’équité. Son objectif est qu’elle contribue à dissocier le soutien ciblé d’une perception de privilège et à l’associer plutôt à un moyen pour atteindre l’équité.
Politique d'équité
21 septembre 2023